L’année 2020 avait pourtant bien démarré, avec la super transaction conclue par Total : 126 000 m2 dans la future tour The Link à la Défense, près de Paris, livrable en 2025. Las ! Une pandémie toujours active et un confinement plus tard, la surface des nouveaux baux a chuté de 58 % au troisième trimestre 2020 en Ile-de-France par rapport à la même période en 2019 (avec 246 000 m2). Sur les neuf premiers mois de 2020, la baisse est de 46 % par rapport à 2019 (913 200 m2 loués).

 

« Le troisième trimestre n’a pas produit le rebond espéré sur le marché locatif de bureaux franciliens, regrette, dans un communiqué daté du 8 octobre, Marie-Laure Leclercq de Sousa, directrice de ce département chez JLL, une société de conseil. La crise sanitaire est venue porter un coup d’arrêt à une certaine dynamique et plonger les entreprises dans une période inédite d’incertitude », repoussant toute reprise à 2021, dans le meilleur des cas.

 

Conséquence immédiate : l’augmentation de la vacance des bureaux, qui passe de 5 % à 6 % dans la région, où 3,3 millions de mètres carrés cherchent désormais preneur. Dans le quartier d’affaires de la Défense, celle-ci grimpe à 7,6 %, contre 4,8 % un an auparavant, et le stock de 264 000 m2 disponibles ne cessera pas d’enfler dans les trois ans à venir, au fil des livraisons des tours en construction comme Alto (51 000 m2), Trinity (49 000 m2), Landscape (68 000 m2), suivies d’autres projets comme Hekla ou Altiplano. Seul Paris s’en sort bien, avec une vacance sous les 4 %.

 

Les loyers, pour l’heure, restent stables dans la première couronne et le croissant ouest de l’Ile-de-France, mais baissent légèrement, de 2 %, à la Défense. « Les valeurs locatives devraient, dans les mois à venir, se stabiliser dans Paris et baisser en première périphérie », analyse Mme Leclercq de Sousa. « On note déjà des gestes non négligeables, pouvant atteindre 30 % à 35 % du loyer facial de la première année, sous forme de franchise de loyer ou de prise en charge de travaux », remarque Magali Marton, directrice des études de Cushman & Wakefield.

 

La pratique du télétravail a quasi doublé

 

« Les entreprises se posent beaucoup de questions quant à leurs espaces de travail, mais un déménagement, ça ne se décide pas comme ça et nous sommes plutôt dans une période d’attente, d’incertitude », estime Ingrid Nappi, titulaire, à l’Essec, de la chaire « Workplace management ». Son enquête universitaire auprès de 2 643 salariés, interrogés, en avril puis du 7 au 20 septembre 2020, sur leur expérience du confinement et du déconfinement, fait ressortir cette inertie : 88 % des répondants ont repris le travail sur le même site, dont ils estimaient pourtant, en avril, qu’il ne correspondait plus à leurs besoins, notamment en raison de la difficulté à y respecter les distances de sécurité. S’ils pouvaient choisir leur espace de travail, leur préférence irait au bureau fermé individuel (40 % des sondés et 48 % des fonctionnaires interrogés), l’intérêt de cette enquête étant d’avoir distingué les diverses catégories d’emplois et de locaux.

 

Source: Publié le 13 octobre 2020 à 11h08 par  Isabelle Rey-Lefebvre pour Le Monde.